Un autre obstacle à la crédibilité de la notion de Dieu révélé, et donc de révélation divine, est que Dieu crée ses propres interdits alors qu’il aurait pu ne pas le faire, donc au final Dieu crée pour les hommes les conditions de faire le mal. Un Dieu créateur aurait pu faire en sorte que ses créatures ne soient pas soumises aux aléas du péché mais il n’en est rien, il a fait le monde et y a créé des choses néfastes pour l’homme. Or rien n’aurait été plus simple pour lui que de créer un monde idéal où les humains auraient pu s’épanouir, ainsi il a bien créé le jardin d’Eden et le paradis et ces deux endroits sont à priori exempts de tout péché (bien que pour le jardin d’Eden la fin de l’histoire est connue). Ainsi s’il a créé les conditions pour faire le mal alors où est donc sa miséricorde ? Certains arguent du fait que c’est pour permettre à l’homme de faire preuve de libre arbitre mais cet argument limite de fait la toute-puissance de Dieu. S’il n’est pas en mesure de créer un monde où sa créature possède son propre libre arbitre tout en étant totalement à l’abri du péché peut-on encore parler de Dieu tout puissant ? Un autre argument des religieux visant à réfuter cette analyse est que Dieu a créé l’Homme faillible pour tester sa foi et sa fidélité. Mais que penser alors d’un Être qui se qualifie lui-même de bon et qui, alors que ce n’est pas nécessaire, soumet ses créatures à des tentations qu’il a lui-même prédéfinies pour les punir (potentiellement de manière atroce et pour l’éternité si l’on en croit les descriptions des supplices infernaux) dans le cas où elles échouent à y résister ? Dans tout autre cadre que celui du plan divin on qualifierait un tel être de despote pervers, mais dans ce cas précis on met cela en avant comme étant une preuve de sa miséricorde et on conclut par « les voies de Dieu sont impénétrables » ou « Dieu sait mieux ». Cacher sa vilénie derrière un discours d’amour est l’un des symptômes de la perversion narcissique, de là à attribuer cette tare à notre hypothétique créateur divin il n’y a qu’un pas.
L’exemple du jardin d’Eden accrédite encore plus cette idée que Dieu, tel qu’il nous est présenté dans la tradition abrahamique, ne peut être un Dieu bon. Tel que nous l’avons vu précédemment le jardin d’Eden était une création parfaite vierge de tout mal et de tout péché, or Dieu y a sciemment introduit la source de la faute tout en sachant qu’Adam, étant donné qu’Il l’avait créé comme tel, succomberait à la tentation. Ainsi Dieu a créé de lui-même un interdit dont il aurait pu s’abstenir pour le soumettre à un être dont il sait qu’il brisera cet interdit et ce pour finalement le punir lui et toute sa descendance. Il y a réellement un côté pervers extrêmement prononcé dans cette façon d’amener volontairement à la faute pour ensuite le reprocher et châtier avec une rigueur disproportionnée. Dans un tel paradigme je suis plutôt satisfait que mes réflexions m’amènent à croire qu’un tel Dieu est une invention humaine plutôt que de penser qu’il pourrait véritablement être notre créateur et le maître de toutes choses.
Dieu, tel qu'il est compris dans la théologie islamique, ne crée pas le mal par cruauté ou par un besoin de piéger ses créatures, mais pour leur offrir une véritable liberté de choix. Le mal n'est pas une création en soi mais une conséquence inévitable de cette liberté. Si Dieu avait créé un monde où le mal n'existe pas, alors le libre arbitre, qui est essentiel à la dignité humaine, n’aurait aucun sens. L’absence de possibilité de choisir entre le bien et le mal rendrait les humains semblables à des automates, incapables de mériter véritablement leur place au Paradis.
RépondreSupprimerLa notion de libre arbitre ne limite pas la toute-puissance de Dieu, au contraire, elle en est l'une des plus grandes manifestations. Dieu n'est pas seulement un créateur, Il est un juge juste. Pour que Sa justice s’exerce pleinement, il est nécessaire que les humains aient la possibilité de choisir librement. La vie terrestre est conçue comme une épreuve, une opportunité de montrer sa foi et sa fidélité. Ceux qui échouent ne sont pas victimes d’un piège divin, mais d’un mauvais usage de leur propre liberté.
Dire que Dieu est "pervers" en créant le mal est une vision anthropomorphique qui projette des attributs humains sur Dieu. La théologie islamique souligne que Dieu est à la fois juste et miséricordieux. Les épreuves ne sont pas des pièges, mais des moyens pour les humains de grandir et de se rapprocher de leur Créateur. Même après un échec, la porte du repentir reste toujours ouverte, illustrant ainsi la miséricorde divine.
Finalement, l'argument que Dieu aurait pu créer un monde sans mal ignore que le mal et le bien, les choix moraux, sont ce qui donnent un sens à la vie humaine. Sans cette capacité de choisir, les concepts de justice, de récompense, et de punition perdraient toute signification.